de Pierre Aubry (alias Alain Kotsov)
pas de video
La clef *
Le
duc de Coutancy revenait des croisades
Après avoir passé trois ans en Palestine.
Apercevant au loin du château la façade
Il s’écrie : « me voici, ma douce Célestine ! »
Sur son cheval fourbu, en traversant ses terres
Il ne voit que des hommes arpentant la campagne
Pas la moindre donzelle ! Inquiet de ce mystère
Il demande à ses serfs : « Où sont donc vos compagnes ? »
« Hélas ! mon bon seigneur, lui répond un vacher,
Profitant lâchement de votre long voyage
Le marquis de Vitreuve envahit le duché ;
Il enleva nos femmes et les prit en otages.
Seule notre duchesse, au château abritée,
Echappa aux brigands du traître de Vitreuve ;
Mais depuis on prétend que sa fidélité
Au milieu de tant d’hommes est mise à rude épreuve »
« Ne craignez rien mon bon, car j’ai pris par bonheur
La bonne précaution : sa taille est encerclée
D’une ceinture en fer protégeant son honneur,
Et dont je suis le seul à posséder la clef. »
Lors passa sur la route un étrange bonhomme
Vêtu de beaux atours, la mine épanouie.
« Un être si bien mis est certes un gentilhomme
Dit le duc ; dites-m’en davantage sur lui. »
« Cet homme rend souvent visite à la duchesse
Mais il n’est rien de plus qu’un simple roturier.
― Que fait-il pour avoir une telle richesse ?
― Ce sujet, Monseigneur, est votre… serrurier ! »
*
Ce poème a obtenu le premier prix (catégorie poésie humoristique)
du concours de poésie organisé par l'association "Arts et lettres"
(Rambouillet)
en 2012.