Le valet de cœur
Je le prends dit le roi, outrepassant ses droits.
C’est un Valet de cœur … Eh ! bien je me l’octroie.
Ce n’est pas votre tour, dit la Reine de cœur
Qui voulait remplacer son époux sans vigueur.
Laissez-le donc pour moi dit la Reine de pique
Qui le voulait aussi à des fins érotiques.
Faut redistribuer, cria le Roi de cœur
Dans l’espoir d’avoir une tierce majeure…
Les As se taisaient et ramassaient les plis,
Ils n’avaient que mépris pour l’aristocratie.
Les valets sont à moi, dit la Reine de trèfle
Qui n’avait dans les mains que des glands et des nèfles…
De mœurs très légères on l’avait souvent vue
Les quatre feuilles en l’air et des valets dessus.
Et la Reine de cœur si belle et prête à tout
Redoublait ses appels au beau valet d’atout.
Puisqu’il en est ainsi, dit la Reine de pique
Je laisse ce valet, je pars et je vous quitte.
Elle fit un signe au Roi, c’était le Roi de cœur …
On savait que tous deux mélangeaient leurs couleurs.
La Reine de carreau quitta la table aussi
Accompagnée d’injures et de gros mots maxi.
Et les cartes soumises et bien souvent rangées
Devinrent en un instant une armée d’insurgés.
Au cœur de la bataille les As et les Atouts
Eux qui n’étaient plus maîtres roulèrent dans la boue,
Et l’on entendit même dans ce pugilat
Les Sept et les Huit crier « À bas les Rois »
On arrêta en masse tous les belligérants,
Sans preuve on les laissa repartir comme avant.
Y’en a pourtant un qui « de jeu fut interdit »
C’est le Valet de cœur, celui qu’avait rien dit.
in « Aimez-moi » - 2006
par Cynthia ZAKTREGER :