en   MOT  dièse
petite  ANTHOLOGIE  de  poésie  et  de  musique  de  chambre

de Marceline Desbordes-Valmore    

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Révélation



Que de portraits de toi j'ai vu dans les nuages !
Que j'ai dans tes bouquets respiré de présages !
Que de fois j'ai senti par un nœud doux et fort,
Ton âme s'enlacer alentour de mon sort !
Quand tu me couronnais d'une seconde vie,
Que de fois sur ton sein je m'en allais ravie,
Et reportée aux champs que mon père habitait,
Quand j'étais blonde et frêle, et que l'on me portait !

Mais par un mot changé troubles-tu ma tendresse,
Il n'est qu'un souffle entre la joie et la détresse !

On a si peu de temps à s'aimer sur la Terre !
Oh ! qu'il faut se hâter de dépenser son cœur !
Grondé par le remords , prends garde ! il est grondeur,
L'un des deux, mon Amour, pleurera solitaire.
Parle-moi doucement, afin que dans la mort
Tu scelles nos adieux d'un baiser sans remords,
Et qu'en entrant aux cieux, toi calme, moi légère,
Nous soyons reconnus pour amants de la Terre.
Que si l'ombre d'un mot t'accusait devant moi,
A Dieu, sans le tromper, je réponde pour toi :
"Il m'a beaucoup aimée ! il a bu de mes larmes :
"Son âme a regardé dans toutes mes douleurs ;
"Il a dit qu'avec moi l'exil aurait des charmes,
La prison du soleil, la vieillesse des fleurs !"

Et Dieu nous unira d'éternité ; prends garde !
Fais-moi belle de joie ! et quand je te regarde,
Regarde-moi ; jamais ne rencontre ma main,
Sans la presser : cruel, on peut mourir demain,


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