Il y a un mois, je suis allé voler deux ours au zoo ; Je les ai
laissé jeûner jusqu’à hier. Ce matin, très tôt, je suis sorti
avec les fauves, j’ai sonné à la première porte venue, et quand
elle s’est ouverte j’ai lâché les tueurs.
Je n’aime pas les gens.
Puis j’ai regardé l’heure, et j’ai décidé de traverser la ville,
par les égouts.
Je n’aime pas les rues.
Mais je me suis perdu ; Alors j’ai bouffé un rat, non par faim,
mais par agacement.
Car je n’aime pas l’incertitude.
Dehors, il faisait beau. Je suis remonté à la surface des
choses, j’ai suivi des passants, me plaisant à chaque fois à
marcher sur leur ombre pour la leur décoller.
Je n’aime pas ce qui traîne.
Je suis arrivé devant une porte. Je n’avais pas rendez-vous.
J’ignorais quelle personne habitait là. J’étais en avance de cinq
heures sur l’horaire qu’elle aurait pu me fixer. Alors j’ai sonné,
sonné, et tambouriné, sans discontinuer.
Je n’aime pas la politesse.
À l’instant même où je m’apercevais que j’avais tourné en rond
toute la journée et que je me trouvais juste à côté de chez moi,
les ours ont ouvert la porte, très en colère…
Je n’ai pas aimé leurs haleines.