− Et hop ! capturé vif ce bourdon, qui à l’en croire était en vol ! Alors
que ce coiffeur de pivoine prenait sans doute appui sur un pistil... Quoi qu’il en soit, c’est
encagé qu’il arrive au labo, où mon scanner au trot vous le mesure, le numérise
et le débite en équations. L’ordinateur en est saisi, le résultat sort aussi sec
: quel que soit x ou y, l'animal en question est inapte à l'envol.
– Autrement dit messieurs, traduit le rapporteur, votre
bestiole n’a que trop peu d’organe pour s’envoyer en l’air.
– Et
manquer d’envergure quand on prétend nous voir de haut attente
aux théories, assure un pythagoricien.
– Qu’on lui coupe les ailes, puisque leur emploi est sans
objet, et donc un acte fanatique, plaide un quêteur de Prix
Nobel.
– Ah oui ! approuve le Doyen, qu’on l’aide à respecter les
lois de la Physique et à ne plus croire en dehors d’elles.
Et moi qui croyais sages la science et son clergé, je vois bien qu’ils ont rendu aptère [sans ailes] le bourdon, et que depuis... sa pivoine n’est plus coiffée.