Un javelot perdu perce mes ailes d’ange
et j’ignore où je tombe, abandonné des cieux.
La pinède alentour enveloppe les lieux
et le vent fait tinter les tuiles d’une grange.
Tandis que mon épaule accueille une mésange
et que mon pas réveille un chemin rocailleux,
les grappes d’une vigne exposent à mes yeux
des grains lourds de soleil et dignes de vendange.
Le jus sort du pressoir comme un sang, de mon cœur,
comme un cri, de ma plaie ou comme une liqueur,
de l’âme sous-jacente à ma paupière close.
Tandis que sommeiller me change de saison
et qu’en rêve je fais ce que personne n’ose,
ce décor aquitain demeure une prison.
in « Poèmes traduits du silence » - recueil 2
(voir LIBRAIRIE)