en   MOT  dièse
petite  ANTHOLOGIE  de  poésie  et  de  musique  de  chambre

de Philippe MARTINEAU

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LORELEI


Qui pose, à demi nue,
allongée sur la grève,
et comme revenue
du naufrage d’un rêve ?

Sa chevelure rousse
la masque comme au bal.
Ô que cela me pousse
à l’imaginer pâle.

Sans doute que sa peau
naquit d’une caresse
et qu’un avant-propos
fit d’elle une déesse.

J’ignore à quelle envie
son silence renvoie,
sera-t-elle ravie
de connaître ma voix ?

« Ô toi, que nul n’effleure,
s’il est besoin d’un crime
pour t’enivrer le cœur,
j’en veux être victime.

Si ta nuque y consent
puis-je la mordiller,
ou faut-il qu’aucun sang
n’en sorte scintiller ?

Et si ton sein frissonne
puis-je l’aimer de près,
ou faut-il que personne
n’en tète le secret ?
»

N’ayant pas d’autre vœu
que de la réveiller
j’écarte ses cheveux,
jusqu’à déshabiller

son pudique portrait :
sa bouche à peine éclose
et ses yeux déjà prêts
à s'ouvrir - et qui l’osent...

Ce qui s’ouvre radieux
et enfin me regarde,
ce ne sont plus ses yeux...
mais ceux de la Camarde !

... qui pose, à demi nue,
allongée sur la grève,
et comme revenue
du naufrage d’un rêve.

À en croire le fleuve
elle jouit de sang-froid,
et si ses yeux m'émeuvent
c'est que j'en suis la proie.


in « Poèmes traduits du silence »
édition 2016 (voir LIBRAIRIE)


par Gilles-Claude THÉRIAULT :

par l'auteur :
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