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petite  ANTHOLOGIE  de  poésie  et  de  musique  de  chambre

de Philippe MARTINEAU

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PAROLES DE NARCISSE - IV



Alors que l'eau du lac est un tombeau,
un soupir éphémère fait surface.
Qui brave le silence à hauteur d'eau
si ce n'est toi, réplique de ma face ?

Faut-il que je t'apprenne à prendre corps,
ô toi qui n'as de moi que l'apparence ?
Car même loin du jour et quand je dors
tu souffres trop de notre différence.

Sans doute que ton but est d'émerger
et que ma seule envie est de te boire,
mais mettre fin à ton règne étranger
n'est-ce pas mettre à sec ma source noire ?

Alors que l'eau du lac est un tombeau
et qu'à nouveau tes lèvres font surface,
tu braves mon silence en étant beau,
sans voir qu'au même instant la nuit t'efface.

Sans doute qu'il te faut rester novice
et redescendre seul au fond du somme,
à moins qu'un souffle pur ne t'affranchisse
et ne t'enseigne à devenir un homme.


in « A fleur d'eau » édition 2016 (voir LIBRAIRIE)


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