de Paule DOMENECH

CONNIVENCES

 La lune a éclaté
tartinant la terrasse
d’une patte argentée
L’allée a agraffé
de quelques vers luisants
son col de plantes grasses
Un chat s’ouvre en prunelles
sur un ciel phosphoré
où plonge à tire-d’aile
l’oiseau de sa passion
Un voleur en chaussons
glisse sa lampe borgne
dans l’intervalle blanc
des nuits mouvementées
L’œil invisible lorgne
les fragments de la vie
qu’une main trop pressée
a laissé choir ici.


EUGÉNISME

Un jour d’octobre
un pavot s’est mis à tousser
sous l’opprobre
du vent du nord.

tout le lendemain frissonna
sur le sol enfiévré
par l’automne
un soleil de crachats

au soir le pavot était mort
et désormais ne résonnent
que les bottes du froid.


VIEILLESSE

Le vieux moulin à vent
s’est accroché au ciel
l’oiseau tourbillonnant
lui fait perdre la tête
ce n’est plus qu’en tremblant
qu’il peut bouger son aile
dans un effort véniel
mimant la folle bête.


in « De Lune et d'Or » - 1997