en   MOT  dièse
petite  ANTHOLOGIE  de  poésie  et  de  musique  de  chambre

de Philippe MARTINEAU

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Coin-coin *

Dans leur Académie des Sciences, les bêtes débattaient de la question des longs cous. Rétorquant au discours fleuve du saumon, l'autruche souligna que, grâce à son cou, elle pouvait voir de plus près le dessein de Dieu, ou s'inspecter le croupion sans devoir recourir au témoignage d'autrui.

Une telle tirade, dont l'élégance témoignait d'une érudition de haut vol, ne put que forcer l'admiration de tous ; ce qui poussa le président, un héron, à proposer que l'on passât au vote.

Quand survint une oie, échappée du marais voisin, qui se mit à battre des ailes en déclamant son approbation : « Coin-coin, coin-coin, coin-coin ! »

L'autruche se serait fort bien passé de cette... argumentation, d'autant que le vice-président, un hibou, feignit d'en déplorer le peu de... diplômage, avant que de conclure qu'elle était, néanmoins, « frappée au coin-coin du bon sens... », ce qui acheva d'établir l'hilarité générale, et le triomphe de la cause adverse.

L'autruche, qui venait de s'enfouir la tête pour n'en point perdre la face, et qui savait déjà que la meilleure des causes ne vaut que par la voix qui l'énonce, ajouta à son érudition que quand la vérité sort d'un bec d'oie, nul ne la reconnaît.


in « Fables de compagnie » - édition 2010
(voir LIBRAIRIE)

* d'après « La Cigogne qui faisait l'éloge des longs cous » de Oscar Mandel

par Philippe LEJOUR (bio) :
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