Le Héron, emmanché comme il faut, longeait un trottoir où pullulait la poule à déplumer.
La Caille, écailleuse à l'occasion, y picorait ses grains de beauté tout en laissant entrevoir son petit creux à combler. L'affaire paraissant bien emmanchée, l'échassier n'avait qu'à conclure par une introduction. Mais gardant la pose il crut mieux faire d'attendre. Il vivait de principes et ne consommait qu'à heures fixes.
Quand vint l'heure la Caille, fort appétissante, avait hélas déjà trouvé preneur. Se présenta alors la Dinde. " Me farcir de la dinde, dit-il en faisant des façons, mieux vaut encore me faire un limaçon ! "
La Grue n'eut guère plus de chance. Elle avait le bec trop long, ou trop court, ou trop entre les deux. La Girouette était trop dans le vent. La Mouette sentait la marée basse. La Poule avait des dents. Le Coq était un coq. Quant à la Bécasse elle n'était pas la Caille.
Bref, à faire autant l'intraitable il fit en sorte qu'il ne restât bientôt sur le trottoir rien d'autre que des pas perdus. Tant et si bien que le désir, agacé, finit par réclamer son dû, au point que notre élégant n'eut d'autre choix que de faillir entre ses gants.