La voici toute à son époux,
réjouissant ce qui en dépasse ;
quand un sort la contraint à rendre l’âme,
et l’alliance.
Le mari porte plainte :
« Comment ! faire aussitôt chambre à part...
mon cœur vit trop pour te survivre veuf !
Crois-m’en, j’irai partout où l’on t’entraîne
– et jusqu’à l’au-delà –
pour que l’amour demeure. »
La belle en effet meurt,
et l’autre...
est toujours là.
Car la mort, sourcilleuse,
reste sourde aux alarmes.
D’ailleurs, il ne sut ni se pendre
ni mordre au précipice.
On le voit en revanche exceller à répandre ses larmes,
du moins tant que survit la dot.
Puis ceux pour qui tout deuil radote
dont l’hôtelier, homme averti,
lui présentent de bons partis.
Et face à tant d’amours,
son cœur arrêté
n’attendit point trois jours
pour ressusciter.
in « Pique-nique chez La Fontaine »
- édition 2005
Lire
la fable de LA FONTAINE