en   MOT  dièse
petite  ANTHOLOGIE  de  poésie  et  de  musique  de  chambre

de Philippe MARTINEAU

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Le soupçon

Quand la cigale fut élue à l’unanimité moins une, l’on eut à punir celle ou celui dont le vote fit lacune. L’enquête en cours conclut à la complicité de l’isoloir, lequel malgré la torture ou la caresse se tut. Tous les regards se croisèrent : nul coupable, tous coupables.

Ceux qui avaient lu la Fable se tournèrent un peu vers la fourmi. « Vous plaisantez, leur dit-elle un peu plus, vous n’allez quand même pas prendre au sérieux les ragots d’un affabulateur ! Ayez donc d’autres sources que... La Fontaine. »

Le hasard fit alors qu’on se tourna vers le renard. Maître Goupil, qui pensait pis que pendre de ceux qu’il fallait pendre, leur indiqua la pie, le paon et la toupie : « Nous, voter blanc ? s’écria le trio, alors que le chant des cigales nous hisse au comble du régal. »

Nul animal n’offrant prise à l’inculpation, le soupçon n’eut alors aucun mal à peser sur Dieu, ou plutôt sur l’ombre qu’il céda aux dévots, car Dieu lui-même – celui des athées – est trop pur pour souffrir l’ombre d’un soupçon.


in « Zygomathèque » - édition 2005


par Philippe LEJOUR (bio) :
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