Un spécimen vivant de taranticule affabulator, espèce que l'on croyait jusqu'alors fossile, a été récemment découvert en forêt zonienne. Rattaché à la classe des momifères, le taranticule affabulator est le seul, du règne animal, à périr au moindre silence ; même un e muet lui serait vénéneux. Et c'est pour contrer ce péril qu'il émet sans cesse un gargouillis proustien ( c'est d'ailleurs ainsi qu'il s'est signalé à l'attention de l'explorateur qui l'a déniché, et rapporté au Muséum d'Histoire Surnaturelle ).
L'étude dudit gargouillis révèle qu'il émane de murs digestives, que la bête alimente en pub à gober ou code-barres à lécher. À noter qu'une salive, à teneur garantie en gogo-éléments et autres lubrifiants, lui permet d'avaler les plus gros mensonges, comme les fables du grand siècle et surtout celles des petits.
Les femelles étant diurnes et les mâles nocturnes, les amours n'ont que le temps du rayon vert pour se nouer et conclure, ce qui proscrit l'usage des longs préliminaires, mais suffit néanmoins au gré du mâle et à l'érudition des voisins.
L'empreinte que sa sueur laisse au drap fut à tort attribuée au Christ en plaies, voire à quelque artiste plus récent. Ses traces de pas sont quant à elles toujours vénérées par ceux qui y voient celles d'un ange déchu... Quant à son derme - appelé épiderme s'il est épilé - il est si étanche qu'aucune idée, même de transcendance, n'est en mesure de le transpercer. Nombre de dieux s'y sont cassé les dents.